Sédhiou, 18 août (APS) – L’hôpital régional de Sédhiou (Sud) a mis en place un système de tutorat par lequel les femmes enceintes avec des complications sont placées dans des familles d’accueil pour les rapprocher des services sanitaires et lutter plus efficacement contre les décès maternels.

Appelé « Ndiatiguia » (en langue locale), ce système vise une meilleure prise en charge des femmes concernées.

« Pour lutter contre les décès maternels dans notre zone, nous plaçons les femmes enceintes avec des complications dans des familles d’accueil pour les rapprocher de la structure de prise en charge », a expliqué la maîtresse sage-femme à l’hôpital régional de Sédhiou, Oumy Thiam Diatta.

Elle expliquait l’initiative « Ndiatiguia » à des journalistes participant à une visite des réalisations du projet d’amélioration de la santé et du bien-être des femmes et des adolescentes dans les régions sud du Sénégal.

« Nous avions constaté qu’en 2018, nous avions enregistré beaucoup de décès maternels et néonatals. Avec les matrones et les agents de santé communautaires, nous avons tenu une réunion pour trouver des stratégies de réduction de la mortalité maternelle », a-t-elle expliqué.

« C’est ainsi que nous avions décidé d’héberger dans la commune de Kolda, les femmes enceintes qui venaient en consultation et qui présentaient des complications. Le personnel était en phase et quelque mois après, pour élargir cela, j’avais introduit les imams, les chefs de quartier et les ’Bajenu Gokh’ pour héberger ces femmes enceintes », a ajouté la sage-femme.

Mme Diatta, revenant sur les résultats de cette initiative, a indiqué qu’en 2021, au total 89 femmes enceintes ont été prises en charges à travers l’initiative « Ndiatiguia ».

« Elles ont accouché saines et sauves. Nous n’avons pas enregistré de décès maternels. Seul un décès néonatal a été enregistré », a-t-elle assuré.

Aussi, pour le premier semestre de 2022, « 59 femmes suivent le Ndiatiguia et aucun décès n’a été enregistré. Ces femmes viennent du district de Goudomp, de Boukiling et même de Sédhiou », a précisé Oumy Thiam Diatta.

Selon l’infirmière, après consultation, si une femme enceinte présente des complications, on la réfère chez un gynécologue. « Elle ne doit pas être loin, c’est à ce moment qu’on l’installe dans une famille d’accueil en attendant son accouchement ».

« On peut placer une femme dans une famille à n’importe quel moment de la grossesse. Parfois aussi, elle peut rester une semaine ou deux semaines ou être programmée pour une césarienne et son +Ndiatigué+ (tuteur) l’accompagne à chaque rendez-vous pour le suivi », a poursuivi Oumy Thiam Diatta.

Dans ce sillage, Mamadou Diagne, « Nijaay Gox » et « Ndiatigue » de la commune de Sédhiou a pour sa part dit avoir hébergé, depuis quatre ans, « quelque 30 à 40 femmes enceintes » dans sa maison.

« Des fois, elles viennent pour 72 heures, deux semaines ou même jusqu’à l’accouchement. Ma femme et moi, on les suit de près et les aide à respecter leurs rendez-vous chez la sage-femme ou le gynécologue », a-t-il fait savoir.

Néné Guissé Ba, « Bajenu Gox » et résidente au quartier Moricounda, dit aussi avoir hébergé des femmes enceintes.

« Ce n’est pas difficile, notre bonheur, c’est d’aider ces femmes et les accompagner jusqu’à l’accouchement », a indiqué Mme Bâ, avant d’ajouter : « Etre Bajenu Gox, c’est un sacerdoce, et nous sommes là pour aider les femmes et participer à la lutte contre la mortalité maternelle. Je le faisais même avant ce projet ».

Le Fonds des Nations pour la population (UNFPA), grâce au soutien des Affaires mondiales Canada, appuie l’initiative « Ndiatigua » à travers le projet d’amélioration de la santé et du bien-être des femmes et des adolescentes des régions du sud du Sénégal.

Le but visé est d’atteindre trois objectifs majeurs à savoir : « zéro décès maternel évitable, zéro besoin non satisfaits en Planification familiale, zéro violence basée sur le genre ».