Rabat, 14/01/2022 (MAP) – Une cérémonie de présentation du livre “Fatima Mernissi, le fil invisible du féminisme” de son auteur Ahmed Farid Merini, a été tenue vendredi à Rabat, à l’initiative de la Fondation Al Mada-Villa des arts, avec la participation de l’essayiste Nouzha Guessous et de l’universitaire Mekki Zouaoui.

Cet essai de 87 pages (format moyen) est une approche psychanalytique et une immersion dans l’univers académique et de terrain d’une icône du féminisme, connue et saluée à l’échelle internationale pour son engagement en faveur des droits des femmes.

“Ma rencontre avec Fatima Mernissi date de plus de 15 ans, avec une collaboration qui s’étale sur une dizaine d’années”, a déclaré à la presse Farid Merini, expliquant que son essai se veut un moyen pour mieux connaître la personnalité de Mme Mernissi et la complexité de son œuvre.

Son œuvre est un patchwork, a-t-il affirmé, précisant que son livre tente de relier toutes les parties des travaux et enquêtes réalisés pendant la vie de Mme Mernissi, en particulier celui auprès des tisseuses de Taznakht.

Au sujet de la complexité de l’œuvre de cette intellectuelle, sociologue et féministe, M. Merini a relevé que les questions de liberté, de libération de l’individu et de la femme principalement, on été le socle de sa pensée.

“A travers cet essai, j’ai tenté d’extrapoler le tissage social par le biais du paradigme du tissage chez les tisseuses de Taznakht”, a-t-il déclaré, ajoutant que c’est également une rencontre avec une sociologue qui portait un grand intérêt à la psychanalyse, au sujet, à l’inconscient et à l’individu.

Pour Fatema Mernissi, le tissage, bien que différent de la broderie dans sa pratique et dans sa symbolique, renvoie à son enfance passée dans un harem au milieu des brodeuses, qu’elle évoque dans son livre “Rêves de femmes”. Entre les murs du riad, la broderie devient en effet, l’expression d’une rébellion, un moyen de défaire les normes de la tradition pour échapper à l’enfermement et aux “hudud” (barrières) du patriarcat, peut-on lire dans un extrait du livre.

Selon Nouzha Guessous, l’essai de Fouad Merini livre un aspect de l’œuvre de Fatima Mernissi, à travers le regard d’un homme qui a côtoyé une femme d’une grande carrure et de surcroît celle d’un psychanalyste et fils de brodeuse.

Connue internationalement pour ses écrits académiques, Fatema Mernissi a investi le champ du fiqh et de l’exégèse coranique d’un point de vue contextualisé en tenant compte de l’évolution des sociétés musulmanes, a souligné Mme Nouzha dans sa déclaration à la presse.

Elle a en outre fait affirmé que les travaux académiques de Mme Mernissi, forment une partie du patrimoine académique, qui interrogent un certain nombre de dogmes.

De son côté, l’universitaire et militant culturel Mekki Zouaoui, a qualifié l’essai de M. Merini d’un ouvrage qui se lit très facilement et livre un fil directeur très fort, à coups de broderie, permettant de décoder l’œuvre complexe de Fatima Mernissi.

L’essai “Fatima Mernissi, le fil invisible du féminisme” relie le patchwork et le puzzle de toute l’œuvre de Mme Mernissi en tant que sociologue, femme de lettre, essayiste et féministe, qui est très difficile à mettre dans une case, a-t-il noté. “La compréhension de son œuvre et assez ardue et l’ouvrage de Farid contribue à sa compréhension”.

Née à Fès (1940-2015), Fatima Mernissi a étudié à Rabat puis à Paris (Sorbonne) et aux États-Unis où elle a obtenu, en 1973, son doctorat en sciences humaines. A partir des années 1980, elle a enseigné à l’université Mohammed V de Rabat. En 2003 elle a reçu le prix des Asturies en littérature et en 2004 le prix Erasmus aux Pays-Bas pour le thème “Religion et modernité”.

Ahmed Farid Merini est docteur en médecine, psychiatre et psychanalyste. Il est membre fondateur et président de l’Association des Amis du centre Fatema Mernissi pour l’animation culturelle (AACFMAC). Il est également membre fondateur de la chaire Fatema Mernissi et membre fondateur et président de la société psychanalytique marocaine (SPM).

L’auteur a en outre codirigé plusieurs ouvrages dont “L’étranger et ses lieux” (Fondation Ona-Villa des arts, 2017) et “Trauma et créativité” (Université de Paris, 2021).