Niamey -La banque mondiale a relevé dans un communiqué publié, ce jeudi 02 mars 2023, que le rythme des réformes en faveur de l’égalité de traitement des femmes devant la loi a atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans.

Selon l’institution financière internationale, ‘’cet essoufflement de l’élan réformateur entrave la croissance économique dans un moment critique’’.

‘’En 2022, le score moyen mondial de l’indice produit par le rapport « Les Femmes, l’Entreprise et le Droit » n’a augmenté que d’un demi-point pour atteindre 77,1 sur 100, cela signifie que les femmes ne jouissent en moyenne que d’à peine 77 % des droits juridiques reconnus aux hommes’’ indique le rapport de la banque mondiale qui note qu’au ‘’rythme actuel des réformes, dans de nombreux pays, une jeune femme qui entre aujourd’hui dans la vie active prendra sa retraite avant d’avoir pu obtenir les mêmes droits que les hommes’’.

‘’À l’heure où la croissance économique mondiale ralentit, tous les pays doivent mobiliser l’intégralité de leur capacité de production pour faire face à la confluence des crises auxquelles ils sont confrontés”, souligne Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale et premier vice-président en charge de l’Économie du développement, rapporté par le communiqué.

Selon toujours Indermit Gill, ‘’les États ne peuvent pas se permettre de mettre à l’écart près de la moitié de leur population. Le fait qu’une grande partie du monde n’accorde pas aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes constitue non seulement une injustice à l’égard de celles-ci, mais aussi un obstacle à la capacité de ces pays à promouvoir un développement vert, résilient et inclusif’’.

Le communiqué indique que ‘’près de 2,4 milliards de femmes en âge de travailler dans le monde ne jouissent toujours pas des mêmes droits que les hommes’’.

La banque mondiale relève, en outre, qu’en ‘’2022, seules 34 réformes juridiques liées au genre ont été enregistrées dans 18 pays, soit le nombre le plus faible depuis 2001. La plupart de ces réformes visaient à augmenter la rémunération des congés payés pour les parents et les pères, à supprimer les restrictions au travail des femmes et à imposer l’égalité de rémunération’’.

Pour atteindre l’objectif maximal dans le respect de ces droits, le communiqué de la banque mondiale souligne que ‘’il faudra encore 1 549 réformes pour parvenir dans l’ensemble du monde à une égalité juridique substantielle entre les sexes dans tous les domaines examinés’’, or, souligne-t-elle, ceci peut aller jusqu’au moins ‘’50 ans pour atteindre cet objectif’’.

Le rapport de la banque rappelle, à cet effet, qu’au cours des 50 dernières années, ‘’le score moyen mondial de l’indice a progressé d’environ 30 points, pour passer de 45,8 à 77,1 sur 100’’.

Il rappelle également que durant la première décennie de ce siècle, l’égalité juridique entre les sexes a connu de fortes avancées : entre 2000 et 2009, plus de 600 réformes ont été introduites, avec un pic de 73 réformes au cours des années 2002 et 2008.

Cependant, précise le communiqué de la banque mondiale, ‘’depuis lors, les dynamiques de réformes se sont essoufflées, en particulier dans les domaines qui concernent des normes établies de longue date, comme les droits des femmes à hériter et à posséder des biens’’.

Ce rapport soutient, par ailleurs, que ‘’les économies avec des disparités juridiques historiquement plus marquées ont connu des progrès plus rapides, surtout depuis 2000’’.

C’est ainsi que, poursuit la même source, ‘’l’Afrique subsaharienne a accompli des progrès considérables l’année dernière, avec à son actif plus de la moitié des réformes enregistrées dans le monde en 2022 : sept économies (Bénin, République du Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Malawi, Ouganda et Sénégal) ont ainsi adopté 18 changements juridiques positifs’’.

Malgré ces progrès, souligne, enfin, la banque mondiale, ‘’beaucoup reste à faire dans le monde entier pour dépasser les bonnes intentions et obtenir des effets tangibles, à savoir garantir l’égalité des chances pour les femmes devant la loi. Les femmes ne peuvent pas se permettre d’attendre plus longtemps pour atteindre l’égalité, et l’économie mondiale non plus’’.