Saly (Mbour), 14 avril (APS) – Le temps consacré par les femmes au travail domestique et de soins non rémunérés constitue un obstacle à l’épanouissement et à l’autonomisation économique des femmes, relève la coordinatrice pays d’ONU-Femmes qui plaide pour une valorisation du travail domestique.

‘’Au Sénégal (comme partout en Afrique), le temps consacré par les femmes à ces taches et les violences basées sur le genre sous ses différentes formes constituent des obstacles à l’épanouissement et à l’autonomisation économique des femmes’’ a soutenu Dienaba Wane Ndiaye.

Elle s’exprimait en marge d’un atelier de dialogue politique pour des reformes en matière de travail domestique et de soins (collecte d’eau et bois, cuisine, ménage, garde des enfants, soins aux membres de la famille, activités bénévoles et communautaire, etc.) non rémunéré des femmes au Sénégal.

‘’Aussi, les résultats de la première enquête nationale sur l’utilisation du temps réalisé par l’ANSD en 2021 avec l’appui d’ONU Femmes, montrent que les femmes consacrent en moyenne par jour 4 heures 9 minutes aux tâches ménagères et à la garde des enfants contre 27 minutes pour les hommes’’, a elle expliqué.

Citant toujours l’agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) elle a ajouté que ‘’la prise en compte du travail de soins dans le Système de Comptabilité nationale (SCN) aurait contribué à améliorer l’apport des ménages à la création de richesse globale à hauteur de 14,99% du PIB élargi’’

Le directeur de cabinet du ministère en charge de la femme a évoqué pour sa part un écart de 13% entre les hommes et les femmes concernant le temps dédié au travail de soins non rémunérés.

‘’Les données ont montré que 90% des femmes participent au travail non rémunéré contre 54% pour les hommes. Cet écart est préoccupant, d’autant plus que sur une journée théorique de 24 heures, les femmes consacrent 21% de leur temps à ce travail contre 8% pour les hommes’’, a indiqué Mouhamadou Ndiaye.

Cette situation présente évidemment, selon lui, des ’’conséquences préjudiciables sur la santé et le bien-être, ainsi que sur la vie professionnelle des femmes, qui sont souvent confrontées à des obstacles pour accéder ou se maintenir à des postes rémunérés et à des rémunérations égales à celles des hommes’’

Depuis mars 2021, ONU Femmes en partenariat avec le Ministère en charge de la femme met en œuvre le projet Approches transformatrices pour reconnaître, réduire et redistribuer le travail de soins non rémunéré au Sénégal (Projet 3R).

La phase pilote de ce projet, lancée dans 13 communes de la région de Saint Louis (avec l’appui de l’ARD/STL et pour le compte du REFAN), vise à identifier des solutions aux besoins de soins non rémunérés des femmes rurales

Selon la coordinatrice pays d’ONU Femmes, les réalisations importantes découlant de la mise en œuvre de la phase pilote du Programme 3 R dans la région de Saint-Louis, permettra de consolider et pérenniser les acquis au niveau de la zone nord mais aussi de passer à l’échelle ces dits acquis dans la zone sud du pays et plus particulièrement dans la région de Ziguinchor.

Au terme de l’atelier, une feuille de route sera élaboré pour soutenir les réformes clés dans le domaines des soins non rémunérés au Sénégal pour l’année 2023-2024.