Benguerir (Maroc), 27 juil (APS) – Le leadership féminin dans les médias est devenu actuellement ‘’un grand chantier’’, a déclaré mardi, à Benguerir (Maroc), la secrétaire générale de l’association des journalistes professionnels de Belgique, Martine Simonis.
Aujourd’hui, ‘’l’idée, c’est de faire en sorte que nos sociétés soient égalitaires’’, a-t-elle expliqué, en marge d’une table-ronde axée sur la thématique : ‘’Le pouvoir médiatique au féminin : le rôle des médias pour une participation accrue des femmes et des hommes à la production et à la prise de décision’’.
Elle a précisé que le travail à mener doit porter à la fois ‘’sur les conditions d’emploi entre les hommes et les femmes qui ne sont pas les mêmes, les conditions de salaire, les questions de conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée, la promotion dans les carrières’’.
La table-ronde se tenait au deuxième jour des travaux des 49èmes assises de l’Union de la Presse francophone (UPF), axées sur le thème : ‘’Leadership féminin dans les médias’’. Ces assises se tiennent à l’Université Polytechnique Mohamed IV (UMP6) de Benguérir.
La journaliste belge, forte d’une expérience d’une trentaine d’années, a relevé le fait que ‘’les rédactions restent des lieux (…) sont hostiles, violents, discriminatoires pour les femmes journalistes, presque partout dans le monde’’.
Face à cette situation, elle préconise la mise de plans d’action impliquant, non seulement les syndicats de journalistes, mais également les employeurs et les acteurs politiques.
‘’Toute la société doit se mettre en marche et les médias doivent être à la pointe de ce combat’’, a-t-elle exhorté.
‘’Les femmes sont à la pointe du combat, mais ont également besoin des hommes de bonne volonté, qui comprennent que l’égalité, c’est une valeur, et non une tare, qui peuvent accompagner le combat mais pas se substituer à la parole des femmes’’, a-t-elle dit.
Si ‘’les hommes sont des alliés’’, la réalité est que beaucoup d’entre eux ne le sont pas vraiment, a-t-elle fait remarquer. Selon elle, ils ‘’ont l’impression de perdre des privilèges, s’ils travaillent pour l’égalité’’. Elle juge cela ‘’dommage’’, estimant que l’’’on doit travailler pour un monde égalitaire’’.
‘’Il y a des pays où ces questions ont été depuis longtemps prises en considération et traitées’’, a-t-elle relevé, citant l’exemple des pays du Nord de l’Europe.
Elle estime que les choses sont par contre un peu plus lentes en Europe du Centre et du Sud, tandis que ‘’dans d’autres cultures, c’est un peu plus difficile de faire progresser ces questions de leadership féminin’’.
‘’Ce n’est pas la même chose partout dans le monde avec des situations dramatiques pour les femmes journalistes’’, déclare la journaliste belge.
Dans les études réalisées sur les femmes journalistes en Belgique, dit-elle, ‘’la question de conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle est un vrai défi, notamment la question de la maternité’’.
‘’Autant pour les hommes journalistes la question de la paternité n’est pas un obstacle parce qu’ils sont pères mais sans aucune incidence sur leurs carrières, autant pour les femmes journalistes la maternité est une vraie question pour l’évolution dans leurs carrières’’, a-t-elle dit.
Selon elle, ‘’beaucoup de femmes quittent la profession en envisageant d’avoir un enfant’’, estimant que la maternité ‘’n’est pas compatible avec leurs horaires, avec la chronophagie du métier, les réunions tardives’’.
Pour Martine, les femmes journalistes sont souvent devant un choix, alors que les hommes, eux, peuvent être pères, sans avoir à faire un choix de carrière.
‘’C’est une situation qu’il faut devoir affronter et voir comment mettre en place des mécanismes pour vivre la maternité et la paternité de la même manière’’, a-t-elle souligné.
Prévues sur trois jours, les Assises de l’UPF réunissent près de 200 délégués venus de divers horizons de l’espace francophone.