Rome – Elle ne passe pas inaperçue dans les séances publiques de la Chambre des députés italienne. Avec sa posture imposante et son ton audacieux, la jeune parlementaire d’origine marocaine, Ouidad Bakkali, attire les projecteurs depuis son élection à l’issue du scrutin du 25 septembre dernier. Engagée et passionnée, elle fait, très tôt, ses premiers pas en politique. Son cheval de bataille est la justice sociale. Son rêve ultime est de “servir, un jour, sa patrie et ses racines”.

Le 15 octobre 2022. ”Il est 10h, la 19ème législature a officiellement commencé”, poste la nouvelle députée sur les réseaux sociaux, publiant sa photo après le premier appel à l’élection de la future présidence de la deuxième chambre italienne.

“Ici, j’avais déjà dit au revoir à ma famille, franchi les barrières du palais et avalé mon émotion”, poursuit cette politicienne férue de la toile, partageant avec ses followers le récit de sa “Prima volta à Montecitorio” (la première fois au siège de la chambre des députés).

Dans la grande salle, cette native d’Agadir apporte avec elle, notamment, “les femmes qui, à son image, sont issues de familles ayant émigré en quête d’un avenir meilleur”, fait-elle savoir. Pour sa nouvelle mission, elle dit “s’armer de responsabilité, détermination et du courage, nécessaires aux grandes batailles”.

A 36 ans, cette prouesse marocaine a été la plus jeune candidate du Parti démocrate de Ravenne aux dernières élections, où elle a eu la double chance d’être élue au parlement en se présentant aux circonscriptions proportionnelles et uninominales de la Chambre. Bien avant, l’administratrice avait déjà exercé, pendant dix ans, la fonction de conseillère municipale. “Jeune, femme et d’origine étrangère, mon profil a, certainement, pesé sur mon parcours’’, affirme à la MAP cette battante, dont les mèches grises révèlent, dès la première vue, une sagesse précoce. Cependant, “ces défis sont, aujourd’hui, la source de ma force, de ma richesse et de la nouvelle vision sur les politiques publiques que je tente d’introduire dans mon parti”, rebondit-elle.

Son engagement ne date pas d’hier. Selon cette militante de la gauche, il découle “d’une grande passion pour la politique”. Mais pas seulement. Ouidad doit son parcours à ses parents et à leurs sacrifices.

“Notre histoire ressemble à celle de nombreuses familles marocaines qui ont quitté leur pays pour construire un nouveau projet de vie ailleurs”, explique-t-elle avec un ton emprunt d’émotion, affirmant que “ses parents lui ont permis de suivre ses rêves, d’étudier et de vivre des expériences à l’étranger malgré des conditions économiques difficiles”. Détermination, humilité et amour étaient leurs principaux enseignements.

Intègre à son identité, la jeune marocaine de mère amazigh et de père tangérois fait savoir que “c’est aussi, grâce à eux, qu’elle a pu garder un lien fort avec ses racines malgré l’expatriation”.

Aujourd’hui, elle se réjouit de voir “son pays d’origine grandir et s’ouvrir de plus en plus au monde entier”. Le Royaume est “un pays très fier qui parvient à préserver son identité très riche, enracinée dans sa culture et ses traditions, tout en s’ouvrant sur de nouveaux horizons”, se félicite la politicienne qui aime porter souvent du bleu, signe de confiance et de loyauté.

Elle évoque, par ailleurs, les avancées du Maroc en matière de droit de la famille, de présence des femmes dans la vie publique et politique et de lutte contre les violences basées sur le genre, saluant, en outre, le dynamisme de la société civile qui accompagne la volonté politique visant à réduire les inégalités. Un défi que tous les pays doivent relever, estime cette ardente défenseuse des droits sociaux et civiques, qui aspire un monde “plus juste, sans discrimination et sans haine”.