Rabat, 04/11/2021 (MAP) – Le vernissage de l’exposition collective “Tamghart” (Femme en Amazigh), organisée par la Fondation Al Mada, a eu lieu jeudi à la Villa des arts de Rabat, dans l’optique de célébrer la vie à travers un florilège de matières, de formes et de couleurs, dans un contexte pandémique peu clément.

Cette exposition métisse et universelle, qui va durer jusqu’à fin décembre, plonge le visiteur dans l’univers personnel de trois artistes-plasticiennes aux expressions spontanées : Monia Abdelali, Rim Laâbi et Farah Chaoui. Si ces femmes sont singulières dans la manière d’aborder leurs créations, l’approche humaine est la même pour combattre “l’immense cacophonie du siècle, la tristesse et l’absence de sens”.

Comme bagages, elle affectionnent des couleurs, des supports divers, de la matière, de l’humour pour anéantir le pathétique, une réflexion pour sortir de la régression humaine, de l’autodérision pour inventer un monde meilleur.

“Tamghart témoigne de tout le métissage qu’annonce cette exposition, inspirée de la mémoire marocaine dans son pluralisme séculaire et, parallèlement, imbibée de la modernité en marche dans le monde”, confie Rim Laâbi, qui propose deux installations faisant étalage d’une trentaine d’œuvres sur papier.

“Nous vivons dans un écosystème de plus en plus précaire et nous voulions exposer des œuvres drôles, un peu fantastiques, mais aussi avec un esprit critique et ouvert sur le monde, un regard lucide et conscient de la réalité dans laquelle nous évoluons aujourd’hui à l’instar de cette tragédie qu’est la Covid, et puis malgré tout nous célébrons la vie, nous lui disons oui pour avancer ensemble et l’accepter, l’accueillir et continuer à vivre malgré tout”, explique-t-elle à la MAP.

Se revendiquant fièrement comme “femmes artistes complètement décomplexées, libres, fortes, profondément marocaines, singulières et universelles”, Laâbi souligne que leur préoccupation première est de proposer de nouvelles formes de vie pour un mieux-être et un mieux-vivre ensemble, loin des clichés.

Interrogée sur sa manière d’aborder ses œuvres, elle dit “récolter les objets du monde entier, ce sont à la fois des traces de mémoire, des lignes de force qui annoncent une source d’inspiration et m’entrainent vers un voyage initiatique à travers matières, couleurs et formes et finalement çà crée des alliances, des bourgeonnements et un univers inattendu et surprenant à chaque fois”.

Quant à l’artiste franco-marocaine Farah Chaoui, ses toiles et sculptures sont nettement expressionnistes et se distinguent par la fusion et l’audace de la Marocaine à la quête de découvertes en matière de couleurs, nuances, formes et courbes.

L’artiste autodidacte, qui expose une vingtaine de pièces, s’est approprié la peinture comme canal d’expression. “Dans mon travail, il y a souvent des messages subliminaux. Tout ce que j’ai envie de dire, je le dis à travers mes œuvres, non pas en parlant ni en écrivant”, dit-elle, notant qu'”à chaque période de la vie, au travers de chaque évènement, il y a un message”.

Monia Abdelali s’intéresse, elle, au corps tout particulièrement, corps féminin, corps masculin, corps longilignes aux bouches écarlates. L’artiste utilise toujours du carton recyclé et jamais de peinture à l’huile, mais plutôt de l’acrylique, du vitrail ou de l’aluminium.

Les neuf œuvres de Monia Abdelali captent d’emblée le regard de quiconque les fixe. Par la sculpture, comme des cris du cœur, elle met au pilori les injustices sociétales et met intrinsèquement l’accent sur la condition féminine.

“Ce sont des personnages de bandes dessinées, faits avec de l’argile avec une base académique, que j’enroule à la fin avec du papier pour avoir un coté ludique”, explique-t-elle, soulignant que dans ses sculptures, elle “voit le Maroc positif, des gens réfléchis, cérébraux et une compassion entre eux”.

Cette exposition s’inscrit dans le cadre du programme culturelle de la Fondation Al Mada, l’un des plus grands fonds d’investissements à capitaux privés de la scène panafricaine.