Nations Unies  – L’organisation des Nations Unies va lancer vendredi “16 jours d’activisme” dans le cadre de la campagne globale “Tous UNiS”, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (25 novembre), ont indiqué mercredi à New York des responsables onusiens.

Cette initiative, qui se poursuivra jusqu’au 10  décembre (Journée des droits de l’Homme), sera marquée par une série d’événements organisés à travers le monde en vue d’accélérer les efforts visant à mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles.

Autour du thème de cette année “Tous UNiS ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles !”, un appel est lancé aux gouvernements et aux partenaires pour qu’ils montrent leur solidarité envers les mouvements et les activistes plaidant pour les droits des femmes, et chacun est invité à se joindre à l’élan mondial pour mettre fin, une fois pour toutes, à la violence à l’égard des femmes.

Selon un rapport élaboré par ONU Femmes et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) présenté lors d’une réunion au siège des Nations Unies, chaque heure en moyenne plus de cinq femmes, ou filles, ont été tuées par un membre de leur propre entourage en 2021.

Ce rapport souligne que ces chiffres sont “un brutal rappel du fait que la violence à l’égard des femmes et des filles constitue l’une des atteintes les plus fréquentes aux droits de la personne dans le monde”.

Dans un message, le Secrétaire général de l’ONU António Guterres, a souligné que “cette discrimination, cette violence et ces abus visant la moitié de l’humanité ont un coût élevé”.

“Cela limite la participation des femmes et des filles dans tous les domaines de la vie, nie leurs droits et libertés fondamentaux et bloque la reprise économique égale et la croissance durable dont notre monde a besoin”, a relevé le chef de l’ONU, qui a appelé à une “action transformatrice” pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles.

Il a aussi exhorté les gouvernements à concevoir, financer et mettre en œuvre des plans d’action nationaux pour lutter contre ce fléau, mettant l’accent sur la nécessité d’impliquer la société civile à chaque étape de la prise de décision et faire en sorte que les survivantes puissent voir leurs droits à la justice et au soutien respectés.

Le chef de l’ONU a aussi appelé à soutenir les campagnes publiques qui remettent en question les normes patriarcales et promeuvent différentes formes de masculinités qui rejettent la misogynie et la violence.

“J’appelle les gouvernements à augmenter de 50% le financement des organisations et mouvements de défense des droits des femmes d’ici 2026”, a-t-il déclaré.

D’après le rapport d’ONU Femmes et de l’ONUDC, sur l’ensemble des femmes et des filles tuées intentionnellement l’année dernière, environ 56% l’ont été par un conjoint intime ou un autre membre de leur famille (45.000 sur 81.000), ce qui prouve que le foyer n’est même pas un lieu sûr pour bon nombre d’entre elles.

Comparativement, seulement 11% des homicides contre des hommes sont perpétrés dans la sphère privée.

“Chaque donnée statistique de féminicide n’est que l’histoire d’une femme ou d’une fille que la vie n’a pas favorisée. Mais ces pertes peuvent être évitées – et les outils et les connaissances pour y arriver existent déjà. Les organisations de défense des droits des femmes sont déjà en train d’analyser les données et plaident pour un changement de politique et une plus grande redevabilité”, a affirmé la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous.

“Nous avons dorénavant besoin d’une action concertée impliquant l’ensemble de la société, qui permettra aux femmes et aux jeunes filles de se sentir en sécurité, chez elles, dans la rue et où que ce soit, et de l’être véritablement”, a-t-elle ajouté.

Pour sa part, la Directrice exécutive d’ONUDC, Ghada Waly, a souligné qu'”aucune femme, aucune fille ne devrait craindre pour sa vie parce qu’elle est une femme ou une fille”.

“Pour mettre fin à toutes les formes d’atteinte à la vie des femmes et des filles uniquement pour des raisons de genre, il nous faut dénombrer chaque victime, partout dans le monde, et améliorer la compréhension des risques et des facteurs du féminicide afin de concevoir des réponses plus efficaces de prévention et de justice pénale”, a-t-elle ajouté.

Le rapport d’ONU Femmes et de l’ONUDC indique qu’au cours de la dernière décennie, le nombre total de femmes et des filles tuées intentionnellement, n’a guère changé, soulignant l’urgence de prévenir ce fléau et à d’y faire face par des actions plus affirmées.

Les chiffres demeurent alarmants, mais le fait est que l’ampleur réelle de ce phénomène est possiblement bien plus grande, ont souligné les responsables des deux agences onusiennes.

Trop de victimes du féminicide ne sont toujours pas recensées, compte tenu notamment des incohérences dans les définitions et les critères appliqués par les pays : pour environ 40% des femmes et filles intentionnellement tuées en 2021, il n’y a pas assez d’informations pour qualifier ces cas de féminicide, en particulier lorsque les faits se sont produits dans un lieu public, ont ajouté les responsables des deux agences.

Le rapport fait état de disparités au niveau régional, notant que si le féminicide est un problème qui concerne tous les pays du monde, l’Asie a enregistré le plus grand nombre de meurtres liés au sexe dans la sphère privée en 2021.

Selon le document, les risques que les femmes et les filles soient tuées par leur partenaire intime ou un quelconque autre membre de leur famille étaient plus élevés en Afrique.

Cette même année, le taux de crimes liés au genre dans la sphère privée était estimé à 2,5 pour 100.000 femmes en Afrique, contre 1,4 dans les Amériques, 1,2 en Océanie, 0,8 en Asie et 0,6 en Europe.

Parallèlement, les observations font apparaître que le début de la pandémie du COVID-19 en 2020 a coïncidé avec une augmentation notable des crimes liés au genre dans la sphère privée en Amérique du Nord et, dans une certaine mesure aussi, en Europe occidentale et méridionale.

Selon les deux agences onusiennes, les crimes fondés sur le genre, ainsi que d’autres formes de violence à l’égard des femmes et des filles, ne sont pas inévitables.

En vue de mettre fin à ces violences, ONU Femmes et l’ONUDC soulignent l’importance d’identifier le plus tôt possible les femmes victimes de violence, de permettre à ces femmes d’accéder à un soutien et à une protection adéquats, de garantir que les forces de l’ordre et la justice répondent mieux à leurs besoins et d’axer les efforts sur la prévention de base en s’attaquant aux causes profondes de cette violence, notamment en faisant évoluer les formes de masculinité et les normes sociales néfastes, en gommant les inégalités structurelles entre les sexes et en éliminant les stéréotypes de genre.

Les deux agences mettent aussi en avant la nécessité de compiler plus de données sur les féminicides afin d’éclairer l’élaboration de politiques et de programmes visant à prévenir et à éliminer les violences à l’égard des femmes et des filles.

L’initiative “Tous UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes” est un effort pluriannuel qui vise à prévenir et éliminer la violence faite aux femmes et aux filles dans le monde entier.

Cette initiative a été lancée en 2008, sous la direction du Secrétaire général des Nations Unies. Administrée par ONU Femmes, l’initiative « TOUS UNiS ! » appelle les gouvernements, la société civile, les organisations de femmes, les jeunes, le secteur privé, les médias et le système des Nations Unies à se mobiliser pour lutter contre la pandémie mondiale de la violence à l’égard des femmes et des filles.

La violence à l’égard des femmes et des filles demeure la violation des droits humains la plus répandue et la plus étendue dans le monde. L’ONU estime qu’elle touche 1 femme sur 3 – un chiffre qui est resté principalement inchangé lors des dix dernières années.