Par Safaa ABOUELHOUDA

Rabat, 04/03/2022 (MAP) – Longtemps dominé par la gent masculine, le journalisme sportif s’est ouvert petit à petit à la plume féminine. C’est précisément dans cet univers médiatique “très sélect” que la journaliste autodidacte franco-marocaine, Fatima Bartali, a su faire étalage de son talent en écriture, ainsi que de cette passion inconditionnelle et de son amour incommensurable pour le football féminin.

Originaire du village d’Aghbala n’Aït Soukhmane dans la région de Béni Mellal-Khénifra, Fatima Bartali, née en 1991 à Saint-Avold en France, a manifesté dès son plus jeune âge un intérêt très particulier et une admiration inébranlable pour le monde magique du ballon rond.

En effet, dès l’âge de 10 ans, Fatima, qui s’est faite aujourd’hui un nom dans la presse francophone, avait commencé à apprendre les noms des joueurs des sélections de football de France et du Maroc.

“J’étais très passionnée de football depuis l’âge de 10 ans. J’ai d’ailleurs commencé à regarder et à suivre les sélections nationales française et marocaine ainsi que leurs joueurs au sein des clubs où ils évoluaient (Ligue 1, Premier league, Liga, Botola etc…)”, a-t-elle confié à la MAP.

Cette jeune fille, qui n’a pas eu l’occasion de suivre un cursus académique dans le domaine du journalisme, a dû s’orienter vers des études et une carrière d’agent d’exploitation ferroviaire.

Néanmoins, sa passion pour le football et le journalisme n’a pas bougé d’un iota : malgré une carrière professionnelle dans le domaine du transport et de l’exploitation ferroviaire, Fatima Bartali n’a pas abandonné son rêve et a continué à approfondir, en parallèle, ses connaissances, avec persévérance et détermination, dans le domaine footballistique, avec toujours cet objectif de quitter l’entreprise française où elle travaillait pour se consacrer corps et âme au football.

“A un certain moment, ça ne me suffisait plus de discuter de football avec mon entourage ou sur les réseaux sociaux. Il fallait que je trouve un moyen approprié de m’exprimer et de partager mon opinion avec le plus grand nombre d’interlocuteurs et à cet instant-là que je me suis tournée vers le journalisme”, a-t-elle expliqué.

Dès l’âge de 13 ans, la jeune journaliste en herbe a eu la brillante idée d’afficher sur son cartable une feuille plastifiée sur laquelle ont été notées toutes les informations se rapportant aux prochains matches de la sélection marocaine, une sorte de promotion publicitaire des rencontres des Lions de l’Atlas, et à l’âge de 16 ans, elle s’est adonnée à l’écriture sur un site francophone dédié au football.

“J’ai commencé à écrire dans un petit site français qui s’appelait +Totalement Foot+ et comme je suis une grande supportrice des Girondins de Bordeaux j’écrivais sur ce sujet là. Ensuite, j’ai intégré l’équipe qui pilotait +Marocfootball.info+, un site où j’ai beaucoup appris et acquis énormément de compétences en termes d’écriture journalistique”, a-t-elle rappelé.

Malgré les années passées, Fatima Bartali se remémore, avec un brin de nostalgie, les Jeux de la Francophonie en 2013 à Nice, le premier grand événement qu’elle a couvert, notamment les matches de l’équipe nationale U23, dont les joueurs évoluent aujourd’hui dans les différents championnats.

Avec pour but ultime d’exprimer haut et fort sa passion pour le football à travers l’écriture, la voie la plus logique à emprunter pour Fatima était celle du journalisme. C’est dans ce sens qu’après des années de labeur, elle a collaboré avec plusieurs supports médiatiques, dont “So Foot” et “Radio Mars”, avant d’être désignée par la Ligue Nationale de Football Féminin (LNFF) à Rabat comme responsable de communication et médias.

Le football, dit Fatima, est un sport qui véhicule de nobles valeurs universelles. “Il est aussi un vecteur d’intégration qui permet aux femmes d’acquérir une certaine autonomie”, a-t-elle souligné.

“C’est un sujet très important pour moi et qui me tient à cœur, ce qui m’a poussé à intégrer la LNFF et à m’installer définitivement en décembre 2020 à Rabat, pour que je puisse apporter ma contribution au rayonnement du football marocain en général, puisque je collabore également avec la Fédération Royale marocaine de football, et à la promotion du football féminin en particulier”.

La fougue, l’ardeur et la passion qu’éprouve Fatima pour le football en général et le football féminin tout particulièrement sont des caractéristiques encore rares de nos jours dans ce domaine à dominante masculine, mais le rêve de cette jeune franco-marocaine est de voir le football féminin jouir de la même importance que le football masculin.

Selon elle, il faudra encore plusieurs décennies pour atteindre le niveau du football masculin, même si d’énormes efforts ont été déployés et des moyens importants mobilisés, avec la mise en place d’un championnat professionnel, ce qui a permis de tirer vers le haut la qualité et le niveau des joueuses, notamment celles de l’équipe de l’ASFAR qui ont excellemment bien représenté le Royaume en Ligue des champions africaine.

La sélection nationale féminine est également aujourd’hui très redoutable en Afrique : Les Lionnes de l’Atlas ont réussi à surclasser leurs homologues du Cameroun qui fait partie du top 4 sur le plan continental, s’est-elle réjouie.

De l’avis de Fatima Bartali, “le Maroc a réalisé de grandes avancées et performances en football féminin. Maintenant, il faut continuer sur cette lancée”, à même d’élargir la base des pratiquantes et de permettre aux femmes marocaines de porter haut les couleurs nationales dans les différentes manifestations footballistiques continentales, régionales et internationales.

Et de relever que le problème du football féminin réside dans le fait qu’il est très peu connu et médiatisé : Nul doute, il y a énormément d’acquis qui ont été accumulés, mais il faut continuer à œuvrer pour atteindre un stade supérieur.

“Je voudrais dire à toutes les femmes et à toutes les filles de croire en elles et en leurs capacités. Il faut travailler, persévérer, se former, croire en soi (…) car quand on parvient à atteindre ses objectifs ou à réaliser une partie de ses rêves, cela vaut tout l’or du monde”, a-t-elle conclu sur un ton optimiste, dans un message d’espoir à l’adresse de toutes les jeunes qui s’intéressent de plus en plus à cette discipline sportive réservée, en grande partie, aux hommes.