Agadez, 16 Mai (ANP) – Les activités artisanales des femmes ont connu une véritable mutation en s’ouvrant sur le monde extérieur. Tant du point de vue de leur qualité que de leur utilité, les produits artisanaux des femmes ont acquis une notoriété, et pas des moindres, au plan national et international. A titre illustratif, pendant les fêtes traditionnelles, à l’image de la Cure Salée, du Bianou, des foires, expositions, évènements culturels religieux, mariages, les femmes touarègues de la région d’Agadez ont su imposer leur savoir-faire traditionnel à travers l’artisanat d’art et l’artisanat utilitaire.
La présence massive des femmes artisanes de la région d’Agadez aux évènements nationaux et internationaux est la preuve de l’engagement et de la volonté des autorités politiques nigériennes qui ont renforcé les structures d’encadrement, le développement du système associatif, la mise à la disposition des prometteurs de technologies adaptées et innovantes, et leur a assuré son soutien constant pour l’approvisionnement et la commercialisation des produits sur les marchés locaux et internationaux porteurs. La promotion du secteur de l’artisanat fait partie des priorités du Président de la République Bazoum Mohamed, qui tient à faire de cette activité un vecteur de la croissance économique et du développement durable.
Plusieurs groupements mutualistes se sont imposés aujourd’hui en leaders sur l’échiquier national et international, où ils exposent de produits artisanaux riches et variés. Cela va dans toutes les zones nomades d’Agadez, des bijoux confectionnés avec art: fanfreluches qu’affectionnent les Touaregs, la croix d’Ingall ou Tanfuk tan’ Azref ( Azref en Tamasheq signifie argent » apparue, vers le milieu du XXe siècle et qui figure de nos jours au nombre des croix des régions touarègues du Niger comme celle d’Agadez ou Teneghelt qui depuis le début du siècle connaît une grande notoriété.
Très particulier dans la tradition des Touaregs de l’Aïr, la Teneghelt tan’ Agadez dénommée par les européens « croix d’Agadez » est l’un des plus anciens bijoux parmi ceux connus actuellement et pendant de nombreuses années et le seul, à être appelé ainsi et qui a gardé son nom jusqu’à aujourd’hui.
Agadez est renommée depuis longtemps pour son artisanat du cuir : cela va des « boîtes magiques » (bata en haoussa), porte -feuille, cartables, etc. Dans la région les femmes s’adonnent à l’artisanat où elles sont soutenues et encouragées par des mesures appropriées négociées avec elles, à travers leur structure, le SAFEM (Salon de l’Artisanat pour la Femme) l’Etat et les ONG. L’activité artisanale est si importante pour la population qu’elle représente l’une des principales sources de revenus des nomades qui ont perdu leurs troupeaux à l’époque de dramatiques sécheresses dans les années 70 et 80.
Grâce à l’ONG suisse Bald, un service Artisanat a été créé au sein de l’URC (union régionale des coopératives) et a mené des activités pour améliorer les conditions de vie des populations vulnérables. Afin de coordonner cette activité traditionnelle, améliorer la qualité des objets fabriqués et les commercialiser en Europe, le SAA (Service Artisanat d’Agadez) regroupait il y a une décennie environ 3.000 femmes des coopératives de la région.
Les femmes artisanes touarègues travaillent surtout le cuir, matériau à la disposition de tous les éleveurs pour fabriquer des sacs, portefeuilles et housses de coussin. Il n’y pas que les femmes Touaregs qui excellent dans le savoir-faire traditionnel, il y a les femmes Peulhs Bororos ou Wadaabé qui travaillent le cuir et réalisent des objets utilitaires, comme les sacs, ou d’autres relevant plutôt de la parure, comme les colliers ou les miroirs en associant souvent cuir, perles, matériaux récupérés (verre, cuivre, laiton, …) ce qui dénote une ingéniosité artistique dans les compositions des tissus brodés, tuniques , pagnes ornées de motifs brillants ,riches et multicolores , délicats et variés.
‘’Les bijoux, parures de fêtes ou de tous les jours, qui rehaussent la beauté des femmes, expriment tout un univers de traditions, de représentations symboliques du monde touareg, accompagnent les femmes et les hommes depuis la nuit des temps. Ils constituent un langage et remplissant de multiples fonctions: talisman, cadeaux de mariage etc. A cela s’ajoutent les colliers, pendentifs, croix, bagues, boucles d’oreilles, bracelets en cuivre ou en argent, sertis parfois de pierres semi-précieuses, ou incrustés de bois.
Malheureusement ces dernières années le secteur va mal en raison de l’insécurité qui lui a porté un coup dur. Depuis l’arrêt de l’activité touristique les artisans confrontés à un problème de mévente n’arrivent pas à s’en sortir .Le salut vient ici des foires nationales et sous régionales. Certains grâce à la notoriété des produits du secteur se sont tournés vers les marchés Européens porteurs. Il convient de rappeler qu’en 2005-2006, 70 000 touristes ont visité le Niger. Principalement des Français, Italiens, Allemands, Américains et Canadiens. Pour cette période, le tourisme a rapporté 27 milliards de Francs CFA au Niger. L’artisanat emploie plus de monde que le tourisme et a plus d’effets sociaux induits. Plus de 600 000 personnes exerçant 210 métiers travaillent dans l’artisanat dont plus de 360 000 dans des petites et micro entreprises. Cette activité représente 23% du Produit Intérieur Brut (PIB). Plusieurs ONG, à travers des formations en faveur des groupements mutualistes, contribuent à l’essor de l’artisanat touareg. C’est le cas de l’ONG HED –TAMAT dont les efforts à l’endroit des femmes sont remarquables. Ces deux dernières années, les femmes de la région d’Agadez ont bénéficié des appuis de cette ONG à travers de séries de formations sur les arts et le savoir-faire traditionnel. L’ONG HED –Tamat a fait de la promotion des arts et du savoir-faire traditionnel, une de ses priorités pour faire du sous-secteur de l’artisanat un facteur privilégié de la croissance économique et du développement régional.
Dans ce cadre la volonté de cette ONG , s’est traduite par le renforcement des structures locales ,les formations en , Poterie, Tresse Traditionnelle, Tenue traditionnelle homme/ Femme Peulh, vannerie Peul, Natte traditionnelle Touareg/ tchissibrene, couverture Touareg/ tchibardawene, broderie Peul, dispensés à Abarakan/Timia; Foudouk/Ingall;Tchinibro/Aderbissinet ; Tagdoum/Ingal ;Tchinagarof/Aderbissinet ;Tiguindé/Ingall ;Amanzagaghnene/Ingall ; Tchirozérine. Il s’agit à travers ces formations menées en 2016 de relever les défis de la lutte contre le chômage et la pauvreté. Pour ces formations l’ONG HED- Tamat a dépensé plus de 35.405.279 de FCFA.
En effet, la réussite des femmes artisanes a été possible grâce aux efforts déployés par l’Agence SAFEM (il y a quelques années Secrétariat Permanent de l’Artisanat) qui a bénéficié des appuis des autorités nigériennes, au premier rang desquelles Bazoum Mohamed, Président de la République, qui ne cesse d’apporter tout son soutien politique et des appuis multiformes au fil des différentes éditions. En outre depuis ses débuts, l’Agence SAFEM bénéfice de l’appui de la coopération espagnole qui, à travers le nouveau partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD), appuie les groupements féminins au Niger en général, et des femmes des régions d’Agadez, In’Gall et Tchirozérine en particulier. Au Niger, le NEPAD s’est aussi résolument engagé dans une autonomisation socioéconomique des femmes sur toute l’étendue du territoire national. Les compétences de ces femmes ont été renforcées dans le secteur artisanal afin qu’elles puissent se positionner sur le plan national, sous-régional et international. La qualité des produits artisanaux des femmes touarègues atteste des résultats de ces appuis aux femmes dans le nord Niger.
L’objectif visé par l’agence du SAFEM et de ses partenaires, est de permettre aux femmes nigériennes du secteur artisanal de créer de moyennes et petites entreprises pour insuffler un dynamisme nouveau au secteur de l’artisanat au Niger. L’agence SAFEM est en train d’aider les femmes à relever ce défi important pour l’avenir. Dans la région d’Agadez, les femmes artisanes sont soutenues et encouragées par des mesures appropriées négociées avec elles, à travers leurs structures et le SAFEM.