Rabat- Le Maroc a élevé la question des droits de la femme au rang d’un sujet de débat social “posé” et “réfléchi”, et ce, grâce à un choix volontaire et souverain visant à établir une culture sociétale propice au développement, a affirmé, mercredi à Rabat, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach.

Le Royaume a développé une bonne pratique fondée sur une approche participative lors de l’élaboration de réformes constitutionnelles et législatives majeures et structurantes, via l’organisation des séances d’audition avec l’ensemble des acteurs, tant institutionnels que non institutionnels, afin de pallier les lacunes entachant l’application de la loi et de mettre à jour ses dispositions en fonction des évolutions sociétales, a souligné Mme Bouayach qui s’exprimait lors d’un atelier de la région du MENA concernant le hub de connaissances relatif à la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

La décision de réviser le Code de la famille annoncée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en juillet 2022, qui se veut la deuxième révision en moins de vingt ans, symbolise le début d’une nouvelle ère au Royaume dans le renforcement de l’égalité et de la parité, a dit Mme Bouayach lors de cet atelier organisé par le CNDH en coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH), dans le cadre du programme des Nations Unies “La foi pour les droits”.

L’Instance chargée de la révision du Code de la famille a auditionné plus de 1000 responsables et représentants d’organisations non gouvernementales, en plus des institutions, en tenant compte de la diversité géographique et intellectuelle, a-t-elle indiqué, précisant que ces séances d’audition se poursuivent en vue de présenter des visions et propositions sur la base de ces échanges.

Mme Bouayach a, en outre, expliqué que les droits des femmes ont connu des avancées progressives qui ont engendré de nouveaux défis intriqués dans leurs dimensions culturelles et sociales, rappelant que le CNDH a fait de l’effectivité des droits le point central de sa stratégie et de ses initiatives, notamment en matière de promotion de l’égalité et d’élimination de toutes formes de discrimination, qu’elles soient directes ou indirectes.

Le projet des Nations Unies “la foi pour les droits” se réfère de manière explicite et directe au plan d’action de Rabat, à l’instar de nombreux autres documents des Nations Unies, des organisations de la société civile et des mécanismes des droits de l’Homme, a-t-elle relevé, estimant que l’importance de ce plan réside dans le fait qu’il met l’accent sur la défense de l’humanité commune.

De son côté, Ibrahim Salama, chef du service des traités des droits de l’Homme au HCDH, a indiqué que cet atelier vise à faire connaître les expériences de la région arabe en matière de défense des droits des femmes, y compris le respect et la valorisation des spécificités religieuses, culturelles et civilisationnelles.

Dans une déclaration à la presse, M. Salama a souligné la distinction entre, d’une part, l’héritage culturel et civilisationnel positif qui a jeté les bases des droits de l’Homme universels et, d’autre part, certaines interprétations erronées qui mènent à l’oppression du statut des femmes, ajoutant que ce hub de connaissance ne se limitera pas à examiner uniquement les aspects théoriques, mais mettra aussi en lumière les initiatives de la société civile de la région MENA dans l’implication des femmes et dans le dialogue sur les législations y afférentes.

Organisé au siège du CNDH, cet atelier connaît la participation de spécialistes des droits humains, d’experts en affaires religieuses, d’académiciens, ainsi que de professionnels des médias provenant du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, ainsi que de femmes et de jeunes intéressés par les droits des femmes, le genre et le développement.

Le hub de connaissance relatif à la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a été créé au début de l’année 2020, afin de promouvoir cette convention et surmonter les obstacles qui entravent son application, en renforçant les capacités des acteurs non gouvernementaux et des défenseurs des droits des femmes.