Abidjan – L’art culinaire fait partie des composantes fortes de l’ancrage identitaire des civilisations et de leurs cultures, et c’est également le cas de la cuisine marocaine qui est l’une des meilleures gastronomies au monde, d’où l’effort à déployer pour préserver ce patrimoine, son authenticité et sa richesse.

Les femmes marocaines, et Fadwa Z. Labouicha ou chef Fadwa est l’une d’entre elles, font un travail considérable qui fait honneur à ce patrimoine. Elles contribuent non seulement à sa préservation mais aussi à sa transmission dans le respect de ses valeurs et de ses spécificités.

Pour chef Fadwa, native de Rabat et installée depuis 2010 à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, la cuisine était juste une passion depuis son jeune âge avant de devenir un tremplin vers une autonomie financière.

En effet, a-t-elle confié à la MAP, dans sa ville natale et après avoir arrêté ses études au lycée à cause de certaines contraintes, elle a opté pour un institut de formation qui l’a aidé à renforcer son savoir-faire culinaire déjà acquis au sein de sa famille aussi bien dans le domaine de la cuisine que celui de la pâtisserie.

Pour elle, la cuisine marocaine est riche en goûts et saveurs, et partant, une femme qui prépare l’un des plats emblématiques du Royaume qui font le bonheur des amateurs de bonne chère, est comparée à un artiste peintre passionné qui manient avec dextérité les couleurs.

«Faire de ma passion et de mon savoir-faire dans le domaine de la cuisine marocaine une source de revenu n’était pas du tout facile au début, au regard du manque de moyens financiers suffisants, mais aussi et surtout de la responsabilité qui en découle en terme de préservation de l’authenticité de ce patrimoine», a-t-elle fait remarquer.

Mais encouragé par son mari, qui l’a incité à ne pas lâcher et à prendre confiance en elle, Chef Fadwa a débuté timidement un petit projet de préparation et de livraison de repas marocains avec un nombre limité de demandes et de clients.

«Grâce à la persévérance et au respect des normes requises de qualité et de propreté, en plus des opportunités de communication et de promotion qu’offrent les réseaux sociaux, le cercle des commandes s’est élargi avec des clients pas seulement de nationalité marocaine, mais aussi des Ivoiriens, des Libanais, des Français et autres», a raconté chef Fadwa qui s’est réjouie de la notoriété dont jouit l’art culinaire marocain au niveau international.

Pour elle, la préservation de ce précieux patrimoine passe aussi par sa transmission aux générations futures, et dans ce sens elle a formé, dans son lieu de travail, des filles ivoiriennes, voire même des Marocaines dont quelques unes ont en profité pour assurer leur autonomisation économique dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest où le coût de la vie est élevé.

«En côte d’Ivoire, on peut dire que la culture marocaine est très connue et les relations entre les deux peuples, marocain et ivoirien, se sont renforcés davantage après la Coupe d’Afrique 2023», a relevé cette dame.

Dynamique et souriante, Chef Fadwa ne cache pas son ambition d’agrandir son projet pour avoir un restaurant 100 pc marocain puisque ca va ouvrir de nouveaux horizons, pas comme le travail à domicile, bien que des spécialistes avancent que «la meilleure cuisine se prépare à la Maison».

«Je souhaite réaliser en 2025 ce rêve qui me tient à cœur avec en parallèle un atelier pour dispenser une formation de trois ou quatre heures par semaine au profit des filles ivoirienne pour leur apprendre la cuisine marocaine et contribuer au rayonnement de la culture marocaine», a-t-elle fait savoir.

De l’avis de cette ambassadrice de la cuisine marocaine en terre ivoirienne, avoir un diplôme est l’une des clefs essentielle devant permettre à une femme de réussir un investissement dans le domaine de la gastronomie qui offre de larges perspectives pour l’autonomisation des femmes.

«Personnellement, ma situation a beaucoup changé depuis le lancement de mon projet dans cette terre d’hospitalité. Mais ce succès ne m’a pas fait oublier ma tâche et ma responsabilité de mère de famille à laquelle je consacre un bonne partie de mon temps», a-t-elle tenu à expliquer.