La vision d’Ibn Rochd (Averroès) au sujet de la question de la femme, en tant que l’un des sujets les plus compliqués et les plus controversés, révèle une approche philosophique et intellectuelle progressiste unique, a estimé l’universitaire Fouad Ben Ahmed, spécialiste de la philosophie d’Ibn Rochd et son omniprésence dans les études islamiques et occidentales.

S’exprimant dans le cadre des conférences mensuelles intitulée “Khamis Ibn Rochd”, organisées à Rabat par la Fondation Al Mada – Dar Al Founoune, M. Ben Ahmed, professeur d’histoire de la philosophie et de la théologie islamique à l’Université Mohammed V de Rabat, a considéré que la pensée de ce philosophe arabo-musulman et sa vision philosophique du statut de la femme revêtent un aspect prospectif et futuriste, et peuvent être considérés dans un sens « progressistes ».

Et d’ajouter qu’Ibn Rochd, l’érudit Maliki, grand juge, médecin et astronome né à Cordoue, en Andalousie, et décéda à Marrakech, croyait fermement que les capacités de la femme sont égales à celles à l’homme, en ce sens que la femme puisse accomplir les différents travaux sans discrimination aucune vis-à-vis de l’homme, notant que la position d’Ibn Rochd qui a vécu au XIIe siècle se doit de faire l’objet de davantage d’étude et de discussion.

Le professeur de philosophie et de méthodologie à Dar El Hadith El Hassania, s’est longuement attardé sur l’approche philosophique d’Ibn Rochd autour d’une multitude de problèmes sociétaux, en particulier ceux inhérents au statut de la femme que l’on peut considérer comme « modernistes » et un sujet d’actualité.

Il a, par ailleurs, abordé des étapes de la pensée philosophique d’Ibn Rochd, en particulier le volet relatif à la position des femmes chez de nombreux philosophes depuis Platon et Aristote, en passant par Saint Thomas d’Aquin, et bien d’autres philosophes dont les idées, selon le conférencier, favorisent la marginalisation de la femme, sa dégradation et son traitement avec infériorité. Des prises de position contre auxquelles Ibn Rochd s’était farouchement opposé.

L’académicien a, dans ce sens, souligné l’importance de la pensée d’Ibn Rochd et son impact aussi bien sur l’Orient que l’Occident, ajoutant que “la position des femmes n’a pas été appréciée par les religieux et les juristes en général, ni par les philosophes. Cela ne concerne pas uniquement les philosophes du Moyen Age, a-t-il expliqué, mais également ceux de l’ère moderne, peu avant le XXe siècle où régnait une attitude généralisée de mépris vis-à-vis des femmes.

Dans ce contexte défavorable à la question de la femme, une position unique chez un philosophe et juriste arabo-musulman fit son apparition. Celle d’Ibn Rochd qui croyait en l’égalité entre les femmes et les hommes, et estimait que les travaux faits par les hommes peuvent être exécutés par les femmes.

Par ailleurs, l’universitaire n’a pas manqué de souligner l’intérêt que SM le Roi Mohammed VI ne cesse d’accorder aux questions de la femme, et l’appel du Souverain lors du dernier discours du Trône à l’opérationnalisation des institutions constitutionnelles concernées par les droits de la famille et de la femme et à la mise à jour des dispositifs et des législations nationales dédiés à la promotion de ces droits.