Abidjan, 20 mai 2023 (AIP) – Des psychiatres et des spécialistes de la santé de la reproduction tirent la sonnette d’alarme sur la situation des femmes enceintes souffrant de maladies mentales qui demeure “préoccupante”, tant au niveau de l’offre des services en matière de santé maternelle et infantile, que de la fourniture des prestations sociocommunautaires de base.

A l’occasion d’un panel, organisé, mardi 16 mai 2023, à Abidjan, par la direction de coordination du programme national de santé mentale (PNSM), sur la mobilisation des partenaires pour le financement d’initiatives nationales sur la santé des femmes vivant avec une maladie mentale ou l’épilepsie en Côte d’Ivoire, il a été révélé que, selon une étude, 154 femmes souffrantes de maladie mentale ou d’épilepsie, enceintes ou ayant déjà accouché, ont été dénombrées pour la seule ville de Bouaké.

Selon, Edith Joëlle Trazou de l’ONG Mindful Change Foundation Côte d’Ivoire, une ONG basée à Bouaké qui travaille dans la santé mentale en milieu communautaire et qui a mené cette étude à l’hôpital psychiatrique de Bouaké, divers problèmes ont été identifiés. Il s’agit notamment du faible niveau de connaissance du phénomène et de la couverture en matière de service de santé sexuelle et reproductive, d’une prévalence élevée de violences basées sur le genre et des besoins non satisfaits tant par les professionnels de santé mentale que par les services de santé à base communautaire.

Pour Dr Edith Marra, psychiatre à Médecin Sans Frontière (MSF), les principaux problèmes de santé mentale auxquels sont confrontés ces femmes pendant la périnatalité sont le baby-blues (dépression passagère), la dépression pathologique et la psychose cucubale (psychose dépressive).

Elle a regretté, de ce fait, que les sages-femmes à qui est dévolu le rôle de recevoir les femmes enceintes, de leur prodiguer des soins et de l’aide, n’aient pas la compétence requise en Côte d’Ivoire pour la prise en charge des femmes souffrant de maladies mentales et d’épilepsie.

“Le problème de la santé mentale se pose en Côte d’Ivoire et encore avec délicatesse dans le cas des femmes enceintes malades mentalement. L’offre de santé sexuelle, reproductive et de planning familial n’est pas adaptée à ces femmes”, a renchéri, la présidente du conseil de l’Ordre des sages-femmes et maïeuticiens de Côte d’Ivoire, Mme Oulaï Bamba Philomène qui a souligné l’insuffisance de centres spécialisés.

Elle a donc plaidé pour le renforcement des capacités des puéricultrices et des sages-femmes psychiatres afin de leur permettre d’identifier aisément les femmes enceintes en situation de troubles psychiatriques, d’épilepsie et de surveiller de façon convenable la croissance de leurs enfants ou des enfants malades mentalement ou atteints d’épilepsie.

Selon, l’organisation mondiale de la Santé (OMS), une femme sur trois est confrontée à d’importants problèmes de santé mentale pendant la grossesse et après l’accouchement. Cela a pour conséquence l’accentuation de la vulnérabilité sociosanitaire de ces femmes en âge de procréer ou enceintes et leurs enfants.