Rabat – Artiste-photographe, plasticienne et conteuse, Hind Saadi s’est donnée pour noble mission de dessiner le sourire sur les visages des enfants en créant de A à Z des histoires qui joignent l’utile à l’agréable à la manière de nos grand-mères, mais avec une touche de modernité bien visible.

Dans un entretien à la MAP, Hind Saadi confie que ses débuts dans l’art du conte remontent à 2016, année où elle a découvert son don pour l’écriture, spécialement celle destinée au jeune public.

C’est son amour pour les enfants et tout ce qui s’y rattache, et sa nostalgie pour son enfance à elle, qui l’ont poussée à s’essayer à la rédaction de recueils de contes pour enfants.

Dans ses écrits, la jeune femme s’inspire justement de son enfance et des expériences qui ont émaillé cette période. Pour créer ses contes, Hind transforme des personnages réels en personnages de dessins animés, dans un mix captivant entre le réel et l’imaginaire qui met ses petits lecteurs sous le charme.

Son premier ouvrage intitulé “La volonté fait des miracles”, paru en 2016 en langues arabe et française, est la preuve du succès de cette formule magique. A partir d’histoires et d’événements de la vie, la talentueuse Hind a pu inventer une fiction haute en couleurs qu’elle a agrémentée de ses propres dessins graphiques conçus à l’aide de l’ordinateur.

Parmi ses “clients” fidèles figurent les établissements scolaires où ses ouvrages s’écoulent comme des petits pains auprès des élèves qui y trouvent des histoires édifiantes et des situations de vie proches de leur quotidien.

Rencontrant un vif succès auprès des écoliers, son premier ouvrage a ouvert devant elle les portes du succès et de l’accomplissement de soi, et c’est ainsi que l’étoile de Hind Saadi a commencé à briller comme rédactrice et dessinatrice douée des livres de jeunesse.

Mettant à profit sa passion pour le dessin et la photographie, la jeune artiste a enchaîné les recueils de contes dont les titres sont une invitation au rêve: “Le périple d’Arij dans le Maroc joyeux”, “Première journée de Youssef à la crèche”, “Sophie et le lac de roses enchanté”…

Munie de ses écrits et dessins, cette native de Rabat, grande passionnée de l’art et du patrimoine, a déjà pris part à plusieurs salons nationaux et internationaux. Sa première participation, elle l’a signée au prestigieux Salon international du livre du Caire. Quant à la dernière, elle remonte à la 19ème édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL), organisée en juillet dernier à Rabat, où elle a animé des ateliers de lecture et de contes pour enfants.

Si Hind Saadi a pu combiner avec maestria conte, dessin animé et photographie, trois disciplines artistiques aux techniques différentes, c’est que son travail en tant que conceptrice graphique l’a beaucoup aidée dans ce parcours.

Une fois les contours des personnages et la trame du récit tracés, l’artiste multi-talents s’emploie à donner corps et forme à sa fiction en créant de jolis dessins sur ordinateur. C’est ainsi qu’elle donne naissance à des œuvres de haute qualité, tant dans la forme que dans le contenu.

Sa créativité et ses multiples talents lui ont valu d’être invitée à participer à un ensemble de festivals artistiques et culturels à travers le Royaume, ainsi qu’à des expositions photographiques.

Ces trois arts (conte, dessin, photographie) ont ouvert à Hind les portes d’un univers “où la créativité n’a que le ciel pour limite et qui m’offre des horizons infinis pour développer mon potentiel”, se réjouit-elle.

Pour elle, le conte est un fascinant voyage qui, par le seul pouvoir de l’imagination, transporte l’enfant dans un monde féerique voire fantastique.

“Nous sommes habitués à ce que la plupart des contes commencent par la sempiternelle formule “Kan ya ma kan fi kadim azzaman” (Il était une fois, il y a bien longtemps), une formule qui confère au récit beaucoup de magie et de mystère”, constate-t-elle.

Le conte est une sorte de “légende riche en rebondissements et en suspens qui rendent le récit attachant. Ces contes, qui sont oralement transmis d’une génération à l’autre, véhiculent des messages, des leçons de vie et des moralités”.

En plus de la fonction divertissement, Hind est soucieuse d’intégrer dans ses contes cette dimension culturelle et patrimoniale, pour contribuer à cultiver les valeurs du patriotisme et de la citoyenneté chez les jeunes générations.

“Chacun de mes contes a un sens et une moralité. J’essaie toujours de donner à mes productions un ancrage marocain de façon à faire connaître aux enfants le patrimoine de leur pays dans toutes ses expressions”, soutient-elle.

Évoquant la différence entre les romans destinés au grand public et les livres de jeunesse, Hind Saadi explique qu’en ce qui concerne la première catégorie, beaucoup de personnages sont nécessaires pour narrer les événements, contrairement aux livres de jeunesse qui se construisent autour d’un nombre limité de personnages, parfois un seul. Ces derniers ont aussi la particularité d’être faciles à lire et à comprendre, ajoute-t-elle.

In fine, la jeune artiste insiste sur le fait que le conte est un “précieux legs qu’on a hérité de père en fils et une partie intégrante du patrimoine populaire marocain”, appelant à moderniser cet art populaire et le sauver du risque de disparition face à la digitalisation galopante.