(Par Abdellatif Abilkassem)
Dakar – A l’issue du procès de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, poursuivi pour détournement de fonds et condamné à cinq ans de prison ferme et à une lourde amende, et suite à la décision du président sénégalais Macky Sall de procéder à sa révocation, des élections se sont déroulées à cet effet il y a deux semaines et ont permis d’élire un nouveau maire de la capitale sénégalaise, en la personne de Soham El Wardini.
Il s’agit d’une première dans l’histoire politique du Sénégal, car c’est pour la première fois que la gente féminine accède à la tête de la mairie de la capitale. Et c’est avec un grand écart que Mme El Wardini (65 ans) a remporté haut la main ce scrutin réservé aux conseillers du conseil municipal de la capitale, avec 64 voix sur 90, devançant ses concurrents Moussa Sy (maire des Parcelles assainies) et Banda Diop (maire de la Patte d’Oie).
Si le résultat du scrutin n’a pas surpris les observateurs vu la présence imposante de la femme sénégalaise dans la vie politique et sa capacité avérée à accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat, cette élection a eu un effet retentissant au Sénégal et au delà.
//Soham El Wardini, une métisse à la tête de la capitale
La victoire de Soham El Wardini a été l’occasion pour nombre de médias de braquer leurs projecteurs sur le parcours distingué de cette femme, fille d’un père libanais et d’une mère sénégalaise.
En effet, son père, Georges, est venu du Liban pour s’installer au Sénégal dans les années 1940, alors que sa maman, Soukèye Guèye, est originaire du Baol. De cette union mixte, sont nés 11 enfants, dont Soham est l’ainée.
Après le décès de son père en 1967, Soham décide de participer aux charges familiales en travaillant comme institutrice d’anglais.
“Soham est le point de repère de notre famille. Elle nous a toujours couvés et encadrés depuis le décès de nos parents. C’est une femme exemplaire. Ses qualités de mère, de sœur et de confidente nous ont marqué. Elle ne nous a jamais lâché et a participé à notre éducation. C’est une femme très engagée et très loyale”, assure, dans une déclaration à la presse, sa soeur Rose.
//Parcours politique du nouvel édile de Dakar
“Je suis très heureuse pour la ville, très heureuse d’être la première femme maire de Dakar”. C’est en ces mots que Soham a exprimé sa joie, juste après l’annonce de sa victoire, qui a couronnée un parcours politique qu’elle a entamé depuis des années.
En fait, sa carrière politique commence dès 1999 quand elle a rejoint l’ancien premier ministre et actuel président de l’assemblée nationale, Moustapha Niasse, qui venait de créer l’Alliance des forces de progrès (AFP), laquelle structure va lui ouvrir, par la suite, les portes de son bureau politique.
Or, le véritable déclic dans la carrière de Soham fut, sans aucun doute, sa décision de rejoindre Khalifa Sall, maire de Dakar depuis 2009, avec qui elle va travailler comme adjointe depuis 2014.
Assurément, Soham n’est pas une novice dans ses nouvelles missions de mairesse, car elle assurait depuis 19 mois déjà l’intérim du maire Khalifa, incarcéré depuis mars 2017.
//Soham, une source de fierté pour sa famille, de motivation pour toutes les femmes
L’accès de Soham El Wardini au poste de maire de Dakar constitue, indubitablement, une source de fierté pour sa famille. A ce propos, son frère, le Colonel Antoine Wardini, a déclaré “on est content parce que c’est la première femme maire de Dakar. Cela va être inscrit dans les annales. On en est très fier”, ajoutant que “Soham mérite amplement ce poste vu son engagement social et son action à côté de la population pour la défense de leurs intérêts”.
“C’est une fierté pour moi et pour toutes les femmes sénégalaises. Je pense que nous allons relever le défi. La parité existe bel et bien au Sénégal. A titre d’exemple, à Dakar nous avons 40 femmes sur les 100 conseillers de la ville. Je pense que cette élection va motiver, encourager et booster les femmes pour qu’elles osent se présenter lors des prochaines locales”, a souligné de son côté Soham.
//14 mois pour faire de Dakar une ville propre:
Le mandat de Soham à la tête de la mairie de Dakar étant fixé à seulement 14 mois, en raison de l’organisation des élections locales en décembre 2019, ne l’empêche pas, néanmoins, de relever de nombreux défis, notamment celui de faire de la capitale une ville propre.
“Cela me fait mal lorsque j’entends dire que Dakar fait partie des villes les plus sales au monde. Je voudrais, qu’avec toutes les femmes, avec tous les partenaires, qu’on puisse faire une action qui aura un impact fort sur la vie des populations de Dakar. Je pense que cela va changer. Pourquoi je le dis? Parce que c’est une femme qui est maintenant à la tête de la ville de Dakar”, assure-t-elle avec confiance.