Lomé, le 08 Juin 2022 (Atop) – Le problème de grossesses précoces en milieu scolaire au Togo est crucial. Ce phénomène préoccupe l’Association des Femmes Epanouies pour le Développement (AFED). D’après les données du site Republicoftogo de 2020 à 2021, 1.244 jeunes filles ont quitté l’école après avoir contracté une grossesse. Ces filles dont l’âge est de 14 à 24 ans, après abandon des études voient leur avenir bafoué.
Le phénomène est plus rencontré dans le milieu rural qu’en grande ville, à cause de la situation précaire de plusieurs parents pauvres incapables de subvenir convenablement aux besoins de leurs filles, qui pour se procurer ce dont elles ont besoin, sont obligées d’accepter livrer leurs corps aux hommes vicieux pour l’argent. Au cours de leur grossesse, elles sont renvoyées par les parents vers les auteurs de la grossesse qui, à leur tour les négligent et les maltraitent car ces derniers sont pour la plupart des voyous et des irresponsables. Ces filles sont obligées de se débrouiller à leur manière pour survivre avec leurs enfants.
En effet, la situation pénible de ces filles interpelle l’Association des Femmes Epanouies pour le Développement AFED qui est créée en 2009 avec à sa tête, madame Birregah Rosalie comme présidente. Le but de l’association est de promouvoir le bien-être de la femme vulnérable et contribuer à la réduction de la pauvreté des femmes en milieu rural. Visant surtout la réduction de la pauvreté des femmes en milieu rural, l’AFED effectue périodiquement des tournées dans les coins éloignés des grandes villes pour s’enquérir de la réalité concernant la condition des femmes dans ces localités. Dans ce contexte l’association s’est rendue en 2020 à Yokélé, une localité à 5 km de kpalimé dans la préfecture de Kloto où elle a découvert 11 filles mères élèves en situation de vulnérabilité après abandon des études à la suite de grossesse. Celles-ci se promènent de maison à maison pour des tâches domestiques, d’autres se transforment en métayers ou en porte-faits pour gagner un peu d’argent pour se nourrir avec l’enfant.
L’association AFED, après quelques mois d’entretien avec les nécessiteuses, a décidé en collaboration avec ses partenaires financiers et techniques WAPHF et FOA qui se définissent respectivement comme (West Africain Pranic Healing Fondation) et (Fond Ouest-africain) pour l’Alimentation, venir en aide à ces filles en leur permettant de se former dans des domaines de leur choix et dans les ateliers de leur convenance afin de se sentir à l’aise au cours du travail. Leur choix est porté sur la couture, la coiffure, la boulangerie et la restauration.
Comment vivent et travaillent ces filles mères ?
Les propos de la présidente de l’AFED, Mme Birrégah : « Nous, les membres de l’AFED, nous nous sommes entretenues avec les familles des filles mères dans la mesure de leur faciliter les conditions de travail. Nous avons décidé que celles dont les domiciles sont proches de leur lieu d’apprentissage, vivent dans leurs maisons pour venir facilement le matin au travail. Quant à ce qui concerne celles qui sont éloignées du lieu d’apprentissage, l’association a envisagé un logement pour elles. Il est prévu une allocation pour toutes et à leurs enfants. 10 000 F CFA pour la jeune fille mère et 5 000 F CFA pour son enfant, cette allocation est mensuelle ; ce qui veut dire par exemple que, si une fille mère a 03 enfants elle a une allocation de 25 000 f cfa par mois et cela se fait par trimestre, elle a donc 75 000 fcfa par trimestre. Ces aides leur permettent d’acheter ce dont elles ont besoin au cours de leur apprentissage et de régler la garde et l’entretien de l’enfant au cours de cette période.
A la fin du délai d’apprentissage de deux ans, ces jeunes filles mères sont soumises aux essais, la réussite aux essais leur donne l’opportunité de passer l’examen de fin d’apprentissage dans leur spécialité, sanctionné par la remise d’un diplôme d’aptitude à exercer le métier. A ce niveau, l’association leur remet quelques équipements nécessaires au lancement de leur propre activité.
Grace aux compétences acquises durant les deux ans de formation, elles sont capables de devenir autonomes financièrement, actrices du développement de leur communauté. Elles sont à leur tour obligées d’aider d’autres jeunes filles-mères désireuses d’apprendre le métier, selon les consignes que les membres de l’association leur avaient données au début de leur apprentissage afin que toutes les filles mères en situation irrégulière deviennent épanouies par un travail rémunérateur. »
Des séances de sensibilisation sur les grossesses non désirées, les maladies sexuellement transmissibles et l’entretien du corps au cours de l’apprentissage
Les membres de l’association organisent périodiquement, des séances de sensibilisation à l’intention des filles mères et toutes les autres filles dans la localité pour les édifier sur la connaissance de leur corps, les maladies sexuellement transmissibles et leurs conséquences, comment se protéger, comment éviter les grossesses non désirées et l’hygiène corporelle afin qu’elles ne tombent plus dans les mêmes fautes. Ces sensibilisations leur permettent d’éduquer à leur tour les autres sœurs ignorantes et leurs propres filles sur comment éviter ces grossesses précoces. De plus la nouvelle situation économique de la fille mère doit lui permettre d’assumer convenablement les besoins de tous les enfants, surtout les filles afin que celles-ci n’acceptent pas les promesses d’argent de la part des hommes vicieux pour satisfaire leur besoin. L’association les a conseillées à encadrer bien les enfants surtout les filles au niveau des études, afin qu’elles évoluent convenablement pour occuper par la suite des postes de responsabilité et participer activement au développement du pays.
Reconnaissance des filles mères à l’égard de l’AFED et de ses partenaires financiers et techniques
A la fin de leur formation, les filles mères par l’intermédiaire de leur porte-parole Kougblénou Adjo laisse entendre ceci : « Nous sommes très heureuses de ce que vous avez fait de nous des femmes épanouies, affranchies capables de nous prendre nous-mêmes en charge et contribuer au développement du pays. Nous mettrons en application toutes les consignes que vous nous avez données qui consistent à encadrez à notre tour d’autres jeunes filles mères, à user à leur égard de la bienveillance, à les initier au travail bien fait jusqu’à ce qu’elles parviennent à s’installer aussi pour leur propre compte et en retour aider elles aussi, d’autres filles en situation difficile. Cette idéologie de s’entraider entre femmes doit se perpétuer indéfiniment jusqu’à ce que la misère disparaisse du rang de la gent féminine et faire place à l’émancipation et au développement, a-t-elle laissé entendre. Nous ne vous remercierons jamais assez de nous avoir permis d’apprendre un métier de notre choix qui fait de nous aujourd’hui des femmes épanouies. ».

Par Tasseba M’Bolaba